Tintin est un reporter, profession dont Hergé se sert pour mêler son personnage à plusieurs événements contemporains de la période pendant laquelle il travaille : la Révolution bolchevique en Russie, la Seconde Guerre mondiale, la conquête lunaire… Hergé a créé autour de Tintin un univers aux détails stylisés, mais réaliste. Il a obtenu cet effet en s'inspirant d'une importante collection de photographies.
Les Aventures de Tintin suivent une trame très linéaire — une énigme résolue de manière logique — mais Hergé les présente avec un sens de l'humour caractéristique.
De plus il y introduit des personnages secondaires, assez prévisibles, mais auxquels les lecteurs, dont l'attention est captée, s'attachent parfois plus qu'aux héros.
Le dessinateur a aussi particulièrement bien compris les mécanismes de la bande dessinée, en particulier au niveau du rythme. Ce sens du rythme est flagrant dans Les Bijoux de la Castafiore, un album dont l'action se déroule dans une atmosphère tendue, alors qu'il ne s'y passe pas grand chose ! Le dessin reste caricatural pour les visages alors qu'il est très précis sur les décors.
Hergé a, dans les premiers temps, créé Les Aventures de Tintin en improvisant, ne sachant pas à l'avance de quelle manière le héros se sortirait de toutes ses mésaventures.
Il n'a été amené à documenter et à prévoir ses scénarios qu'après avoir terminé Les Cigares du pharaon.
L'impulsion est venue de Zhang Chongren (Tchang Tchong-jen, ou Tchang), un étudiant chinois qui, en apprenant qu'Hergé allait envoyer Tintin en Chine pour sa prochaine aventure, l'a incité à ne pas colporter les idées reçues qu'avaient les Européens de l'époque sur la Chine.
Hergé et Zhang ont ainsi travaillé ensemble sur l'épisode suivant de la série : Le Lotus bleu, ouvrage repris dans les 100 livres du siècle, classement français des livres considérés comme les cent meilleurs du XXe siècle, établi au printemps 1999 dans le cadre d'une opération organisée par la Fnac et Le Monde.
Des événements extérieurs obligent également Hergé à effectuer d'autres changements dans sa manière de créer ses bandes dessinées.
La Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Belgique par les armées d'Hitler entraînent la fermeture du quotidien dans lequel paraissaient Les Aventures.
Hergé travaillait à ce moment-là sur Tintin au pays de l'or noir, lequel ne paraîtra qu'après la guerre.
Tintin en Amérique et L'Île Noire, déjà publiés, sont interdits par les censeurs nazis, contrariés par la manière dont les États-Unis et la Grande-Bretagne y sont présentés.
Néanmoins, Hergé peut poursuivre Les Aventures de Tintin en publiant cinq albums et en faisant paraître deux autres épisodes dans un journal approuvé par les Allemands, Le Soir.
Pendant et après l'occupation allemande, Hergé est accusé d'être un collaborateur car ce journal était contrôlé par les nazis.
Il est brièvement incarcéré à la Libération.
Il se défend en prétendant qu'il avait tout simplement fait son métier pendant l'Occupation, comme l'auraient fait un plombier ou un charpentier.
Son travail de cette période, contrairement à sa production d'avant et d'après-guerre, est dans l'ensemble politiquement neutre, et a donné des aventures classiques, comme Le Secret de La Licorne ou Le Trésor de Rackham le Rouge.
Cependant, l'apocalyptique album L'Étoile mystérieuse traduit les doutes d'Hergé durant cette époque politiquement troublée.
La pénurie de papier de l'immédiat après-guerre entraîne un changement de format des Aventures.
Hergé a pour habitude de donner à ses albums le nombre de pages nécessaire au développement de ses scénarios.
La maison d'édition Casterman demande à Hergé de dessiner des planches plus petites, et d'adopter une longueur de 62 pages par album. Motif : un album est constitué de 4 cahiers de 16 pages, soit 64 (62 + page de titre + verso).
Hergé agrandit son équipe (les dix premiers albums ont été conçus par lui-même et sa femme), qu'il finit par transformer en studio.
L'adoption de la couleur permet à Hergé de donner une plus grande envergure à son œuvre.
Sa manière de l'utiliser est plus subtile que celle des Américains, avec des valeurs mieux rendues à l'impression, permettant l'emploi de la quadrichromie et, de ce fait, une approche cinématographique de la lumière et des ombres.
Hergé et son studio se servent d'images pour remplir des demi-pages ou tout simplement pour détailler et mettre en avant une scène.
L'emploi de la couleur fait ressortir les détails importants.
Hergé insiste sur ce point en affirmant : « Je considère mes histoires comme des films. Donc, pas de narration, pas de description. Toute l'importance, je la donne à l'image ».
La vie personnelle d'Hergé a également influencé la série, avec par exemple Tintin au Tibet, fortement marqué par sa dépression. Ses cauchemars, qu'il aurait décrits comme étant « tout blancs » trouvent un écho dans les paysages enneigés de l'album.
L'intrigue est basée sur les recherches menées par Tintin pour retrouver Tchang, rencontré précédemment dans Le Lotus bleu.
Cet épisode ne met en scène aucun bandit et Hergé, qui s'abstient de tout jugement de valeur, se refuse à qualifier l'Homme des Neiges (le Yéti) « d'abominable ».
Les Aventures de Tintin se sont terminées prématurément avec la mort d'Hergé le 3 mars 1983. La vingt-quatrième aventure, Tintin et l'Alph-Art, est restée inachevée.
Dans cet album, Tintin évolue dans le monde de l'art moderne et l'histoire se termine sur une scène où Tintin risque d'être tué, enfermé dans du plexiglas et exposé comme une œuvre d'art.